La maladie thromboembolique veineuse proximale (MTEV) est une maladie classiquement associée aux cancers que ce soient les thromboses veineuses profondes (TVP) ou les embolies pulmonaires (EP). Ces complications peuvent correspondre à un syndrome de Trousseau.

Nous rapportons deux cas de patients qui ont présenté un véritable syndrome de Trousseau avec des complications thromboemboliques majeures qui ont échappé au traitement anticoagulant seul.

La 1^re patiente a présenté une EP multisegmentaire et une TVP proximale bilatérale lors de la découverte d’un adénocarcinome du pancréas métastastique traitées par tinzaparine à dose curative. À j14, il existe une extension de la TVP vers la veine fémorale commune droite. La tinzaparine est augmentée de 25 %. À j30, il y a une nouvelle extension à la veine fémorale superficielle gauche. Une chimiothérapie est réalisée en urgence qui va permettre une régression des lésions. À j74, la patiente présente une embolie pulmonaire lobaire supérieure gauche associée à un échappement thérapeutique tumoral. Une nouvelle ligne de chimiothérapie est proposée. À j89, la patiente présente un syndrome cave supérieur et une dégradation de son état général qui conduit à son décès. Le second patient a présenté une EP bilatérale sous-segmentaire associée à une hématémèse dans un contexte d’adénocarcinome gastrique avec métastases hépatiques et pleurales traitée par tinzaparine à dose curative. À j20, il présente une majoration de son EP avec un cœur droit. La tinzaparine est majorée de 25 % et un traitement par immunothérapie (pembrolizumab) est débuté. L’état de santé du patient se stabilise avec régression des signes de cœur droit. À 6 mois, il présente une carcinose péritonéale et une récidive d’EP lobaire bilatérale avec cœur droit entraînant son décès.

Le syndrome de Trousseau est décrit en 1865 devant des manifestations thromboemboliques migratrices ou malignes et néoplasie. Cette définition a été élargie à tous les patients présentant une manifestation thromboembolique veineuse dans un contexte de néoplasie récente ou lors du suivi. Bien que les mécanismes physiopathologiques soient similaires, il existe des facteurs confondants. Il convient de restreindre la définition du « Syndrome de Trousseau » à des manifestations thromboemboliques sévères et inexpliquées dans un contexte de néoplasie viscérale occulte ou au diagnostic.

La réponse thérapeutique n’est pas exclusivement le traitement anticoagulant mais le traitement étiologique.